Tribune | Déployer une filière de production de biogaz en milieu rural : utopie ou réalité ?

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Une lettre ouverte aux candidat.e.s à l’élection présidentielle 2022 intitulée « Déployer une nouvelle filière industrielle de production de gaz renouvelables dans les territoires ruraux en France : utopie ou réalité ? » et signée par Jean Foyer, président et fondateur de Qairos Energies.

Déployer une filière de production de biogaz en milieu rural : utopie ou réalité ?

Jean Foyer, président et fondateur de Qairos Energies.
DR © Emilie Bouchet

Mesdames, Messieurs les candidat.e.s à l’élection présidentielle,

Après une crise sanitaire sans précédent, plusieurs défis attendent le ou la future président.e. de la République Française, dont la transition écologique. Pour que la France soit au rendez-vous des accords de Paris sur le Climat et des objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone, le futur gouvernement devra s’appuyer sur toutes les énergies décarbonées et parier sur une nouvelle filière industrielle d’avenir : la gazéification… et ce avant que la technologie soit développée dans un autre pays.

Alors que l’urgence climatique se fait plus pressante, de nombreuses questions demeurent. Comment diminuer immédiatement et massivement notre empreinte carbone et inclure davantage les énergies renouvelables dans les systèmes énergétiques sans bouleverser notre industrie et nos modes de vie ?
Comment remplacer le pétrole dans la mobilité par des vecteurs énergétiques plus vertueux et adaptés aux usages sans peser sur le budget des ménages et la compétitivité des entreprises ?
Comment accélérer la transition écologique du monde agricole tout en garantissant l’indépendance vivrière de la France et un revenu décent aux agriculteurs ?
Comment préserver la souveraineté énergétique de la France et tendre vers des modèles plus inclusifs, locaux et circulaires ?
Résoudre la quadrature du cercle paraît impossible… et pourtant le projet Qairos y parvient.

Qairos est un projet qui permet de produire en synergie de l’hydrogène et du méthane à partir de biomasse agricole en utilisant une technologie de gazéification à haute température, inédite en France, mais éprouvée en Europe. Sa particularité réside dans l’utilisation d’un unique intrant, le chanvre, cultivé par des agriculteurs locaux sans entrer en concurrence avec les cultures principales.

Les atouts de l’écosystème Qairos sont multiples.
Il apporte une réponse économiquement efficace aux enjeux de décarbonation des vecteurs énergétiques gazeux et de produire une quantité de méthane et d’hydrogène adaptée aux besoins des utilisateurs.
Il permet de valoriser une partie de la culture en tête d’assolement et ainsi de stocker durablement du carbone dans le sol tout en offrant un complément de revenus aux agriculteurs et en améliorant la qualité du sol pour les cultures principales.
Il peut contribuer significativement aux objectifs climatiques de la France. En effet, la France a le potentiel d’accueillir 100 unités Qairos sur son territoire d’ici 2030 et d’économiser ainsi, 20 millions de tonnes de carbone, soit près de 6 % des objectifs inscrits dans la Loi Energie Climat.

De plus, cette nouvelle filière industrielle d’avenir, génératrice de nombreux emplois directs et indirects peut également valoriser de multiples matières solides (bois, Combustibles Solides de Récupération, plastique des océans, résidus agricoles…) et être exportée largement au-delà des frontières françaises et européennes.
L’enjeu n’est rien de moins que le développement d’une filière française d’excellence qui doit se positionner dans une compétition internationale déjà bien engagée.

Malheureusement, force est de constater que ce projet innovant, labellisé Territoire d’Industrie, cofinancé par des acteurs privés et publics, la région Pays de Loire et la BPI, pourrait ne pas voir le jour en France.
Après les dérogations réglementaires obtenues dans le cadre du dispositif expérimental de la CRE, la construction de la première unité de production Qairos aurait dû commencer au 2ème trimestre 2021 au Mans, lieu d’implantation prévu de la première unité industrielle. Bien que soutenu par de nombreux acteurs politiques et économiques ligériens et sarthois, de tous bords politiques, l’Etat tarde à fixer un modèle de rémunération au biogaz injecté dans les réseaux, pour cette filière de production complémentaire de la méthanisation. Ce cadre économique est un préalable indispensable pour investir dans ce procédé qui permettra ensuite de valoriser l’hydrogène coproduit en usages directs.

L’analyse du dossier par les différents services de l’Etat a été menée mais il dépend maintenant au Conseil d’Etat de statuer sur le décret d’application instaurant les appels à projet introduits par la loi Energie Climat destinés à faire émerger des filières innovantes de production de biogaz (contrats d’expérimentation).
Le comble serait qu’un projet novateur, émanant des territoires ruraux, cochant toutes les cases de la transition énergétique et industrielle inscrite dans les plans de relances successifs sur l’industrie, l’énergie et l’hydrogène, doive, pour continuer à exister, se délocaliser hors de France, là où les administrations sont plus conciliantes avec l’innovation …
La relocalisation d’activités industrielles considérées comme stratégiques devait être une des conséquences positives de la pandémie de Covid-19. Les énergies renouvelables et le gaz vert en particulier ne semblent pas concernées ?
Car, tout ceci n’est qu’une question de décision et de volonté politique de ne pas exclure a priori des moyens de production énergétiques décarbonés, au prétexte que la technologie employée n’a pas été identifiée nommément dans les plans de relance ou dans la programmation pluriannuelle de l’énergie.

Alors que le dernier rapport du GIEC souligne l’urgence d’agir pour limiter le réchauffement climatique, le ou la future présidente de la France devra faire preuve d’ouverture d’esprit et de détermination pour que des projets innovants puissent espérer naître et prospérer dans les territoires où ils ont été conçus. Qairos et ses partenaires sont prêts à accélérer la transition écologique de la France, si l’Etat lui donne enfin ce dernier feu vert pour agir et ainsi participer à l’innovation énergétique « Made in France ».

Mesdames, Messieurs les candidat.e.s, donnez aux acteurs des territoires les moyens d’accompagner l’émergence d’une énergie propre et locale… pour un mix énergétique équilibré et respectueux de l’environnement.

Jean Foyer
Président et fondateur de Qairos Energies

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