Lettre du syndicat des TPE au ministre de l’Économie

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Nous reproduisons ci-dessous le courrier adressé à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie par le SDI, le syndicat représentatif des entreprises de moins de 10 salariés et des dirigeants indépendants (TPE).

Lettre du syndicat des TPE au ministre de l'Économie

Monsieur le Ministre,

3 millions.

C’est le nombre d’entrepreneurs individuels et dirigeants de TPE qui constituent la force vive de ce pays.

Parmi ceux-ci, un nombre important continue à connaître de graves difficultés malgré une reprise macroéconomique dont ils ne voient pas les effets sur leurs activités.

De fait, si le chiffre des liquidations judiciaires est au plus bas, nombreuses sont les structures de moins de 10 salariés qui meurent à bas bruit, ainsi que l’illustrent les 170 000 cessations volontaires d’activité enregistrées de Janvier à Août 2021, niveau deux fois plus élevé que sur la même période de 2019 et de 30 % supérieur à celle de 2020.

Pour celles et ceux qui résistent et conservent coûte que coûte leur outil de travail autant que leurs salariés, l’inquiétude est vive face aux envolées des coûts des matières premières et des énergies.

Dans ce contexte inflationniste, près de deux-tiers des 700 dirigeants de TPE interrogés par nos soins en octobre dernier affirment ne pas être en mesure d’assumer la pression à la hausse sur les salaires, en plus de la forte augmentation du SMIC déjà constatée depuis le début de cette année 2021. Viennent s’ajouter à ces éléments le paiement des charges sociales personnelles reportées et restant à régler ainsi que le remboursement du PGE à échéance de mars 2022.

Dans ce contexte, les employeurs devront en sus avancer les 100 € de la prime inflation et assumer les surcoûts de comptabilité afférents. Cela peut sembler être une somme anecdotique mais ne l’est pas constat fait de l’état des trésoreries … Nous avons certes noté avec intérêt la prolongation du dispositif du PGE jusqu’à fin juin 2022 mais destiné aux investissements sur analyse préalable de solvabilité par le partenaire bancaire, plutôt qu’au renforcement de la trésorerie pour le paiement de dettes accumulées en période de crise sanitaire.

Or, c’est bien cette dernière hypothèse qui devrait tous nous préoccuper, ces entrepreneurs n’ayant pas fauté mais ayant été empêchés d’exercer « normalement » …

Dans ce contexte, il est vrai que la mise en place des dispositifs coûts fixes rebond et nouvelle entreprise rebond correspond au maintien d’un soutien, malheureusement ciblé sur certains secteurs d’activité seulement, sous réserve de disposer d’un professionnel du chiffre tiers de confiance en charge de calculer l’EBE, ce qui est loin d’être le cas des plus petites structures artisanales et commerciales !

Le discours du président de la République a été clair : le travail est l’alpha et l’omega de notre pays. Pas le chômage, pas la retraite. Le travail. Il est donc crucial de défendre l’activité de ceux qui ont toujours travaillé sans rien demander à quiconque, ni aide, ni soutien, à peine un peu de considération pour ces efforts constants … et pour être nos plus grands recruteurs (comme l’INSEE en a fait le constat), viviers des grandes entreprises puisqu’ils forment, font grandir les talents qu’elles recruteront « clefs en mains ».

Dans ce contexte, Monsieur le Ministre, où sont annoncées chaque semaine de nouvelles mesures qui s’inscrivent dans le cadre du plan de relance du pays, il est temps d’y inclure nos entrepreneurs et dirigeants de petites entreprises en définissant les accompagnements dont ils ont besoin non pour survivre mais pour garantir leur pérennité autant que leur croissance.

Nous en appelons en conséquence à remettre à l’agenda le Plan Marshall que nous évoquions en novembre 2018 déjà, qui pourrait soutenir la croissance de notre tissu économique, garantir son maillage territorial, renforcer ses capacités à recruter, créer de nouveaux emplois et permettre à notre pays d’atteindre ses objectifs de relance sur le long terme. De notre pays !

Nous en appelons ainsi à un soutien plus affirmé et direct auprès de ces dizaines de milliers d’entrepreneurs individuels et responsables de TPE se retrouvant des situations financières et sociales très difficiles, toutes filières confondues, dont l’outil de travail était viable avant la période épidémique.

Donnons à la crise sanitaire des lettres de noblesse : celles d’avoir permis de constater l’importance de ces structures aussi petites, discrètes, qu’essentielles.

Vous souhaitant bonne réception de la présente, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de notre parfaite considération.

Marc Sanchez
Secrétaire général du SDI

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