Livre | #Sobériser

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Sobériser

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« #Sobériser ». Voilà un titre de livre qui interpelle. Que signifie exactement ce terme inédit, qui plus est avec un hashtag devant ? Les auteurs ont imaginé le néologisme #Sobériser, #soberize en anglais, pour intituler leurs travaux ; il signifie rendre sobre. Ceux-ci s’insurgent contre le dogme d’une croissance irréfléchie qui risque d’entraîner à terme l’épuisement des ressources de la planète et propose donc de développer des pratiques plus sobres, pour sobériser l’économie et la société. Leur définition de la sobriété ? « Nous la comprenons comme une attention constante à l’économie des ressources et au respect des équilibres, dans un esprit de modération, de juste mesure ». Cet ouvrage de la FNEP (Fondation Nationale Entreprise et Performance) a pour volonté d’inspirer les décisions économiques. Pour s’ancrer dans les modèles économiques, la sobriété devra être comprise comme s’intégrant pleinement aux innovations technologiques, sociales et sociétales. Et cela risque de déplaire, les auteurs en sont conscients, « la sobriété heurte les modèles de vie dominants des sociétés occidentales contemporaines. Le champ sémantique de la sobriété est celui de l’austérité, de l’abstinence, de la décroissance », mais ils demandent de voir le verre d’eau à moitié rempli : « il pourrait être celui de la raison, de l’équilibre, de la stabilité ».
Nous avons extrait quelques pistes de sobriété proposées par ce collectif :
– Promouvoir l’économie circulaire comme modèle de système économique.
– Inciter la production et la transformation locale, optimiser les circuits logistiques de distribution.
– Faire tendre la consommation de carburants fossiles vers zéro, au profit du développement d’une gamme de carburants et d’énergies renouvelables.
– Eviter tout gaspillage.
– Ne consommer que ce qu’il faut en recyclant les denrées rares.

Le numérique est-il sobre ?

Du point de vue des auteurs, le bilan du numérique reste très contrasté. La révolution numérique n’induit pas forcément une sobriété du comportement des utilisateurs. La personnalisation des services a tendance à pousser vers de nouveaux sommets la société de consommation. La surconsommation des produits et servies numériques engendre des phénomènes de stress, de burn-out, de risques psychosociaux notamment dans le milieu professionnel, et ceci sans compter une consommation énergétique gigantesque. De plus, la prédominance des produits numériques pose un problème d’accessibilité pour un pan entier de la population. Cela devient un handicap pour l’utilisateur de certains services publics et privés, proposés voir imposés par voie numérique.
Ce n’est qu’à la condition d’une efficacité accrue, face aux fonctionnements et processus anciens, que des innovations, telles que la blockchain, pourraient présenter un bilan écologique acceptable. Si les besoins ne font que s’additionner, la tendance inflationniste en ressources aura un impact négatif sur les écosystèmes, que ces innovations sont supposées développer et soutenir.

L’innovation frugale

Les auteurs du livre louent l’innovation frugale qui se nourrit de la contrainte, et mise sur la flexibilité, la simplicité, l’intuition, l’agilité, la délégation. Ils observent que les économies émergentes comme l’Inde et la Chine jouent un grand rôle dans l’émergence de l’innovation frugale. Il y a là-bas des sources d’inspiration, les auteurs ont fait des  rencontres enrichissantes en Inde et au Chili. Les faibles ressources et moyens disponibles imposent aux innovateurs de ces pays de répondre aux besoins locaux par des solutions simples, peu coûteuses, astucieuses.
L’innovation frugale n’est pas une approche « low cost ». Il s’agit avant tout d’un nouveau paradigme qui invite à sortir des chemins tout tracés en pensant hors du cadre. Là où la pensée classique voit la baisse des ressources humaines et matérielles comme une menace, l’innovation frugale la voit comme une opportunité : comment faire mieux avec moins. L’innovation frugale se base sur une capacité d’innovation et d’investissement, avec moins de moyens, mais plus d’ingéniosité.

Sobériser, la solution aux conséquences néfastes de l’activité humaine ?

« Nous espérons, par cet ouvrage et la création du terme #Sobériser, déclencher une prise de conscience de la nécessité de s’acheminer vers un monde plus sobre, et engager les réflexions sur les moyens d’y parvenir », écrivent les auteurs, « l’accélération actuelle de la pression de l’humain est sans précédent : destruction des écosystèmes, du littoral, déforestation massive, assèchement des zones humides, pollution généralisée, l’enfer des plastiques en mer, les métaux lourds, les perturbateurs endocriniens, la surexploitation des ressources, de la pêche, de la forêt, la dissémination de tout, partout ». La sobriété ne stoppera probablement pas ce phénomène, à elle seule du moins, mais elle pourrait le réduire.

Fiche technique

Titre : #sobériser – Innover pour un monde durable
Auteurs : Collectif de la FNEP (Fondation Nationale Entreprise et Performance)
Editeur : Presses des Mines
Pagination : 208 pages

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